Le petit Canard et les Poussins Prosper Wittersheim (1779 - 1838)

Une jeune couveuse,
Près de l'eau, par hasard,
Conduit sa troupe heureuse.
Un beau petit canard,
Enfant bâtard
Glissé dans sa famille,
Dans l'onde s'élance aussitôt.
La mère fait un saut
Pour l'arrêter ; peine inutile !
Mais, loin de se noyer,
Paisiblement il nage ;
En voyant ses sœurs côtoyer
Un rocailleux rivage,
Il leur dit : « Venez dans ces eaux,
Moins pénible est la course ;
De maints poissons et vermisseaux
Abonde cette source. »
Il a beau leur prêcher ;
Les petites sœurs, étonnées,
A leur frayeur abandonnées,
De l'onde n'osent approcher.
Qui rend ce canard intrépide ?
Le cœur des poulets si timide ?
Un sentiment intérieur.

Ainsi la conscience
D'un mérite supérieur
vrai talent donne de l'assurance ;
Un génie est toujours borné,
S'il n'est inné.

Livre V, fable 13




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