On conte que certain balourd,
Fendant du bois dans la bruyère,
Contre sa hache, un jour,
A fait éclater sa colère.
« Depuis une heure, sur ce tronc,
Dit-il, en vain je frappe,
Et de ma main, qu'il trahit, faut-il donc
Que ce vil instrument s'échappe ?
Comment peut-il penser
Par ce lâche caprice
Prolonger mon supplice,
Quand de lui je puis me passer ?
Qu'à l'instant je le brise
Et brave ses desseins ;
Un caillou que j'aiguise,
Docile dans mes mains,
Portera des coups plus certains. »
Voilà que la hache est brisée ;
Mais la pierre aiguisée
Au premier coup part en éclats.
Le bûcheron, la colère apaisée,
Regrette sa hache tout bas,
Et ne s'en vante pas.
Pour une faute légère,
On a quelquefois blessé
Un ami sincère
Qu'on voudrait, l'instant passé,
Quand il nous est nécessaire,
Ne point avoir offensé!...