Le Hobereau et les petits Oiseaux Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Messire hobereau, non pas de cette race
Qui se nichait jadis en de gothiques tours,
Et pour le laboureur fut race de vautours ;
N'en parlons plus, la France a pris une autre face :
C'est d'un oiseau, tyran des airs,
Que je veux parler en mes vers ;
Oiseau connu de tout le monde :
Plus de cent toises à la ronde,
Quand il planait au-dessus des sillons,
Il faisait fuir les pauvres oisillons.
Ils fuyaient, mais en vain ; sous sa serre cruelle
Chaque jour victime nouvelle.
Sans fin par ce brigand nous verrons-nous croquer ?
Dit l'un d'entr'eux ; non, non, pour sauver notre vie,
Frappons tous à la fois cette bête ennemie...
Le hobereau fend l'air : il veut les attaquer ;
Mais, à grands coups de bec, on lui fait résistance.
Redoutez, leur dit-il, le jour de ma vengeance ;
Il n'est pas éloigné : n'importe en quel endroit...
L'oisillon l'interrompt : La paix, ou point de grâce.
Pour toi, nous le savons, la force fait le droit ;
Mais nous sommes unis, et bravons ta menace.

Livre II, fable 23




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