Un jeune Perroquet, d'humeur assez volage,
Lassé de ses bois, de ses champs,
Pour aller faire un long voyage,
Fit ses adieux à ses parents.
Il part, et le voilà sur l'africain rivage.
Comme il voltigeait sur la plage,
Il aperçoit mille poissons,
Tantôt au sein de la plaine liquide,
Formant de légers escadrons ;
Et tantôt bondissant sur leur demeure humide.
A cet aspect, saisi d'étonnement,
Mons Perroquet s'écrie : O le bel élément !
Je pensais bien que, dans cette onde,
Il existait un autre monde :
Voyez comme on s'instruit pourtant en voyageant !
Si je n'avais quitté ma retraite profonde,
Aurais-je découvert ce peuple intéressant ?
Mais pourquoi de la mer rester sur la banlieue ?
Je voudrais bien savoir ce qu'on fait là-dedans.
Tout ainsi que ses habitants,
N'ai-je donc pas des ailes, une queue,
Et des plumes aussi ?
Pourquoi donc resterais-je ici ?
Faisons chez ces Messieurs une reconnaissance.
Oh ! comme il sera beau, quand j'en serai sorti,
D'aller à mon pays raconter ma science !
A ces mots, le jeune étourdi
Sur le vaste Océan se lance,
Plonge, fait pour nager des efforts superflus,
S'aperçoit de sa folle envie,
Veut, mais trop tard, sauver sa vie,
Remonte, ouvre le bec, bat de l'aile et n'est plus.
Ces exemples fâcheux sont communs sur la terre :
Il en coûte souvent à sortir de sa sphère.
La prudence, nous dit la sage antiquité,
Est mère de la sûreté.
Pour avoir méconnu ce précepte fidèle,
Que de modernes papillons,
Éblouis par de faux rayons,
Se sont brûlés à la chandelle !