Le Singe et le Perroquet Louis Fayeulle (1764 - 18??)

Dans le même logis, un singe, un perroquet,
Un peu fripons de leur nature,
En bons amis vivaient à l'aventure ;
L'un par son éternel caquet,
L'autre par maintes gentillesses,
Plaisaient à tous, de tous avaient caresses.
Le malin perroquet, friand comme Ververt,
Un jour, après certain dessert,
Vit Bertrand s'allécher d'un pot de confiture :
« De ton talent, dit-il, tirons usure : »
Maître Bertrand avait des yeux d'Argus ;
Les bons morceaux étaient bien son affaire ;
Mais sur ce point, enfin, disons motus.
Ensemble faisant ordinaire,
A qui mieux mieux complaisants et soumis,
Partout en commensaux on les avait admis.
Alors d'un même avis, dans ce cas d'importance,
On régla les moyens de doubler la pitance ;
Ce qui fut signé, bref, par droit d'égalité.
Après des si, des mais, comme c'est l'ordinaire,
Nos deux reclus, à l'unanimité,
Conclurent, terminant cette Catilinaire,
Que leur hôte n'était qu'un être pécunieux,
Un égoïste enfin des plus fastidieux.
L'on dit même qu'avant de lever la séance,
On conçut le projet d'attaquer la finance.
Combien d'êtres, hélas !
Souvent, en pareil cas,
De la plus noire ingratitude
Se sont fait une habitude.





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