Le Perroquet et le Singe Prosper Wittersheim (1779 - 1838)

Un présomptueux perroquet,
Enfant gâté d'une femme savante,
Croyait qu'il suffisait, d'un orgueilleux caquet,
D'un mot vague et brillant, d'une phrase imposante,
Pour être un bel esprit. Tant qu'il trouva des gens
Plats comme lui, ce qui, par parenthèse,
N'était pas dissicile, il tranchait à son aise,
Et ces grands mots impertinents
De catachrèse et d'enthymème
Roulaient en dépit du bon sens,
Pour parler du beau temps,
De choux ou de carême.

Avec un vieux singe érudit,
Autrefois bibliothécaire
Du roi Louis le Débonnaire,
11 disputa, d'un ton hardi.
Le savant, qui le confondit,
Le fit rougir, enfin, devant une nombreuse
Et brillante société.
La dame protectrice en devint furieuse.
Puis, par égard pour la beauté,
Le singe, en s'excusant, tira sa révérence,
Et, tout bas, dit à tous, en grande confidence^
« Mes amis, le savoir de bien des beaux esprits
Se borne à réciter des mots qu'ils ont appris. »

Livre IV, fable 3




Commentaires