ar une nuit d'automne où la pluie et l'éclair,
En déchirant le vaste sein de l'air,
Accompagnaient la voix de l'ouragan sonore,
Dans une rue image de l'enfer,
Où quelquefois le crime osait éclore,
Suspendu par un fil de fer,
Brillait le banal météore
Nommé lanterne en style uni :
Sentinelle qui tient les voleurs à distance,
Et du bourgeois protège l'existence.
Battu comme un vaisseau par l'Auster ennemi,
Le nocturne soleil faisait crier son anse,
Contre l'orage prémuni,
Dans un palais formé par quatre murs de verre,
Qui réfléchit ses rayons sur la terre,
Et que surmonte un dôme en coupole arrondi,
Tout à coup dans l'obscur passage,
Empreint, comme j'ai dit, d'une infernale horreur,
Se prolongent des cris de discorde et de rage,
Qui de l'orgie annoncent l'impudeur.
Contre le phare une pierre est lancée ;
Victime de la déraison,
La lanterne déplore une vitre cassée
Qui la prive d'une cloison.
Au même instant, tel qu'un voleur agile
Qui vient d'assaut prendre un appartement
En dépit des sergents de ville,
Le vent siffle, engouffré dans le. palais fragile
Où se débat un astre agonisant ;
Il souffle tant et si fort sur la flamme,
Que le pauvre flambeau rend l'âme.
Ainsi, dans un moment de révolution,
La pierre que l'on jette au martyr politique
Devient, sur la place publique,
Le terrible signal de sa destruction.