Le Renard et les deux Cygnes Saint-Joseph

De même vérité, comme dit La Fontaine,
Deux fables ici feront foi.
La chose en sera plus certaine,
Et sur ce sujet croyez-moi.

Après une alerta si vive,
Nos Cygnes revenaient et côtoyaient la rive
D'une vaste prairie, où des prochains hameaux
Pâturaient les nombreux troupeaux.
Fiers d'avoir dérouté leur terrible adversaire,
L'un et l'autre à présent sans peur ils s'éloignaient,
Et d'une contenance altière»
Tranquillement se pavanaient,
Sillonnant leur beau lac, voguant à l'aventure.
Le Renard n'était loin ; tapi sous la verdure,
A travers les troupeaux le drôle se glissant,
Sur l'un des deux oiseaux tombe furtivement,
Le happe, et de son sang teint au loin l'onde pure.

A se bien prémunir, sans cesse il faut songer ;
Quoique n'étant soldat, il faut s'armer on guerre.
De l'homme telle est la misère,
Toujours, autour de lui, naît, renaît le danger.