Un jour la Beauté vaine et fière.
Reçut avis que la Douceur
Lui disputait l’honneur de plaire,
Et le don de parier au cœur.
Quoi ! dit-elle, cette sucrée
S’arroge avec témérité
La palme qui fut consacrée
Dans tous les temps à la Beauté !
Soudain, jalouse et furieuse,
Elle porta sa plainte aux Cieux :
L’affaire devint sérieuse ;
On la plaida devant les Dieux.
Auprès du tribunal céleste,
La Beauté fit un grand éclat ;
Un doux langage, un air modeste,
De l’autre furent l’avocat.
Le Destin, leur juge et leur maître,
Tout entendu, trois fois toussa ;
Puis son bon sens se fit connaître
Par cet arrêt qu’il prononça :
Sans vous deux l’Amour ne peut être ;
Ses jours seraient mal assurés.
Vous, Beauté, vous le ferez naître ;
Vous, Douceur, vous le nourrirez.