Jupiter et Junon, célébrant leur Hymen,
Ce n'était dans les Cieux que banquets et que fêtes,
Les présents leur pleuvaient : les Dieux, le genre humain,
Tous voulurent en faire, et même jusqu'aux bêtes.
Pour celles-ci chacun les remarquait,
Et Junon vit d'abord que la Brebis manquait.
Où donc est la Brebis ? demanda la Déesse ;
Pourquoi ne vois-je pas la Brebis à son tour,
Apporter son présent, et nous faire sa cour ?
Aces mots, fendant la presse,
Le Chien, avec respect, s'avance, et dit : Déesse !
Ah ! ne vous courroucez pas !
Ce matin j'ai vu là-bas
La Brebis toute en détresse,
Qui faisait de grands hélas !
La Brebis ! dit l'Immortelle ;
Et de quoi se plaignait-elle ?
Pauvrette ! reprit le Chien,
Elle disait : je n'ai rien,
Rien, ni laine, ni laitage
Dont je puisse faire hommage
A Jupiter, à Junon :
Et me présenter sans don
Chez les Epoux, quel supplice !
Plutôt tâchons d'engager
Le Berger
A m'offrir en sacrifice.

Au même instant s'élève vers les Cieux
Et se répand dans l'assemblée,
Comme un parfum délicieux,
L'odeur de la Brebis récemment immolée :
Parfum que Jupiter se plut à respirer ;
Et la Déesse
Eût pleuré de tendresse,
Si dans l'Olympe un Dieu pouvait pleurer.

Fables et contes dédiés a Son Altesse Impériale Monseigneur le Grand Duc, Livre III, Fable 6




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