Un certain jour une Belette ;
Fut prise au piège ; la pauvrette ;
Tenta de vains efforts pour rompre ses liens !
« Enfin, ma. belle, je te tiens !
S'écria le propriétaire ;
Te voilà ma prisonnière :
Or, nous allons régler nos comptes, s'il té plaît.
— Grâce ! quel mal t'ai-je donc fait ?
Aucun ; même je puis, avec quelque justice,
Me vanter, en face des deux,
De t'avoir rendu service.
— Vraiment ! je serais curieux,
Ma toute belle
Fort aise de savoir de toi
Le service que je te dois.
— Une troupe impie et cruelle
D'animaux malfaisants, de souris et de rats,
Malgré tes chats,
Chez toi s'émancipait et prenait ses- ébats,
Mangeait ton lard et ta chandelle,
Et t'aurait bientôt ruiné.
Rats et souris, j'ai tout exterminé !
— Un avocat, ma bonne amie.
N'aurait pas mieux imaginé.
Autre question* je te prie :
Ne m'as-tu pas aussi quelquefois dans ta vie
Exterminé quelques poulets,
Quelques canards ? — Moi. ! quelle horreur ! jamais l
Je les exècre et les abhorre..
— De mieux en mieux : un petit mot encore,
Un seul mot : est-ce pour mon bien
Que tu mangeas, dame Belette,
Mes rats et mes souris ? n'est-ce pas pour le tien ?...
Tu restes muette !...
Écoute bien cette leçon,
Pour en faire là-bas ton profit chez Pluton :
On a toujours tort, ma petite, -
De vouloir se faire un mérite
Du bien qu'on a pu faire aux gens, quand, comme toi,
On ne l'a fait que pour soi. »