C'était au matin d'Un dimanche ;
Une colombe toute blanche
Pleurait : ses soupirs déchirants
Sont portés par les vents,
Dans la campagne,
A sa compagne,
Qui vole aussitôt vers sa sœur
Pour savoir le sujet de ses peines cruelles,
De sa douleur !
« Mon cœur est aussi blanc que blanches sont mes ail
Et cependant
Je viens d'être calomniée
Par mon voisin le chat-huant ;
Par tout le monde, hélas ! sœur, je suis reniée,
Voilà pourquoi je vais pleurant,
De mes Chagrins voilà toute la cause. »
Sa compagne, en la consolant,
Lui fait remarquer une rose
Pleine de grâce et de fraîcheur.
« Allons respirer son odeur ! »
Elles volent soudain, puis reculent d'horreur
En voyant un insecte, immonde créature,
Y déposer sa bave impure.
Elles ont fui ; mais le hasard,.
Vers le milieu de la journée,
Présente encore à leur regard.
La rose de la matinée. :
L'insecte gisait expirant,
Meurtri sous les pieds d'un enfant.,
Les rayons du soleil avaient pompé la bave,
Et la fleur
Exhalait un parfum plus pur et plus suave.
« Comme cette rose, ô ma sœur,
Dit à la pauvre désolée
Sa compagne émerveillée,
Comme cette rose sortant
Et plus fraîche et plus gracieuse
Des souillures du ver rampant,
Tu sortiras, ma pauvre enfant,
Et plus pure et plus vertueuse
Des atteintes du chat-huant. »