Les deux Lièvres Frédéric Jacquier (1799 - 18?)

« Mon cher Léporin,
Cette lettre,
Qu'en tes pattes quelqu'un s'est chargé de remettre,
T'annonce que demain matin
Vingt-quatre juin,
A l'occasion de sa fête,
Jean Lelièvre régale et traite
En son logis
Tous ses amis ;
Que pour toi, Léporin, le couvert sera mis,
Et que dans les plaisirs, la joie et la folie,

Avec philosophie,
Ensemble nous lirons des-chagrins de la vie.
Réponse, s'il te plaît. Adieu, j'ai bien l'honneur
D'être ton humble serviteur.
Ton meilleur ami, Jean Lelièvre. »

RÉPONSE DE LÉPORIN

« Si Léporin n'est pas retenu par la fièvre,
Ou bien par tout autre accident,
Il se propose
De ne point perdre un coup de dent,
De ne point rester bouche close,
Et de faire honneur au festin.
A demain !
Adieu. Ton ami, Léporin. »
Las ! au bout d'un quart d'heure à peine.
Une meute de chiens courants,
Le mufle aux vents
Les sent, leur souffle au poil, les poursuit dans la plaine.
Blessés par des chasseurs, nos lièvres expirants
Se rencontrent aux mêmes champs,
Épuisés, hors d'haleine,
Contre la mort luttant en vain.

« Hélas ! dit Jean Lelièvre en pleurs à Léporin,
Hélas ! je vois que c'est folie,
Dans cette vie,
De compter sur le lendemain.





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