A la chasse un jour la Belette,
Happa grasse dame Souris ;
« Ah! laisse-moi, » dit la pauvrette,
Ne fais pas de mal aux amis,
La pitié, c'est un mot sonore,
Pour celui dont le ventre est plein ;
Pour moi que l'appétit dévore,
Tu veux donc que je sois humain ? »
Lui répondit la bête atroce ;
« Ecoute-donc encore un mot ;
(Sauvons mes jours par un négoce.)
Je connais le nid d’un mulot,
Vraiment un grenier d’abondance ;
Si tu me rends la liberté,
Tu trouveras un bien immense,
A gober sans difficulté. » —
« Voyons, » — la Souris indiscrète,
Des mulots fait voir les réduits ;
Sans tarder par dame Belette,
Les magasins furent détruits.
Pour lors un dîner s'improvise,
Et lorsqu’on fut au vin clairet,
Le Tyran prend la délatrice,
Et la tirant parle toupet ;
Il dit avec un air sauvage,
« Commence ton de profondis :
Après mes repas c’est l’usage,
De dévorer une souris. »
Si l'appui par un franc corsaire,
Aux petits États est offert,
C’est un morceau que le sicaire,
Se ménage pour son dessert.