Un Boucher d’une main cruelle,
Arracha pendant le sommeil,
Un agnelet de la mamelle,
D'une Brebis dont le réveil
Fut ce cri: « Que fais-tu barbare ?
Si tu veux lui donner la mort,
De mon enfant ne me sépare,
Fais nous subir le même sort. » —
« Avant il faut que je t'engraisse, »
Dit cet homme avec ironie :
« Toi ? » dit la mère avec tristesse,
« Tu ne le peux, je t’en défie. »
Elle évite la nourriture,
Et ne boit plus dès ce moment ;
Le boucher le voit et murmure,
« Tu veux mourir, c’est évident,
Mieux vaut avant que tu ne crèves,
Que je te tue : c'est mon profit, »
« Eh bien bourreau, si tu m’achèves
Il est donc vrai ce que j'ai dit. »
(Et soupirant d'une âme austère)
« Tu vois bien, pour faire fléchir,
Il n'est de tyran sur la terre,
Pour qui se résout à mourir. »





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