La Brebis et le Chevreau Simon Pagès (17ème siècle)

Abandonné dès son enfance,
Un jeune chevreau recevait
D’une brebis des leçons de prudence.
Avec un tendre soin elle le nourrissait.
Il était sur le point d’arriver au bel âge.
En bonne mère, elle le corrigeait.
Un jour, pour le rendre plus sage,
L'institutrice lui disait :
Dans la carrière de la vie,
Mon fils, vous aurez à souffrir;
Ayez une philosophie
Qui vous apprenne a bien mourir;
Evitez toute étourderie:
Hélas | souvent, pour vous nourrir
Du fruit d'une ronce sauvage,
Sur le roc on vous voit gravir :
Vous m’échappez. Je vous présage
De grands malheurs, et vous devez les fuir.
Vous avez des défauts, je dois vous avertir.
Encore hier, dans la prairie,
De votre corne ennemie.
On vous connait : vous êtes entêté.
Un vieux mouton fut maltraité

Au dernier trait, la brebis toute bonne,
Crut avoir trop fâché sa petite personne.
Le tutoyant alors : Je vois que tu m’entends;
Je connais tes défauts; si je te les apprends,
Lui dit-elle, tu dois m’en aimer davantage.
Je sais, répondit-il et quoi cela m’engage :
Je dois t’aimer, puisque tu me reprends.

Livre I, Fable 18




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