Les Moineaux et le Linot Simon Pagès (17ème siècle)

Plusieurs jeunes moineaux, moineaux dits citadins,
En étourdis, allaient tous les matins
Dans un bocage solitaire,
Et la faisaient les libertins,
Eloignés des yeux de leur père,
" Sifflant, Faillant tous les oiseaux pieux.
Bien loin de célébrer l’éclat de la lumière
Par des concerts mélodieux,
Ils blasphémaient contre les dieux.
Ils attiraient dans leur partie
Les oiseaux qui menaient une mauvaise vie ;
Et, Cartouches nouveaux, allaient aux champs voisins ;
Ils pillaient, fourrageaient les grains,
Le laboureur, pour effrayer l’engeance,
En vain sur les sillons leur dressait des pantins ;
On se moquait de sa prudence.
Sans cesse ils youlaient débaucher
‘Uni beau linot élevé par sa mére ;
Mais linot, pour les fuir, aimait a se cacher,
Après leur avair fait un reproche sévère.
Viens, lui dit un d’entre eux, ici, dans certains lieux,
Nous trouverons plaisir et bonne chère :
De vos repas je n’ai que faire,

Lui répond-il ; je crains. - Mais que crains-tu ? — Les dieux.

Livre I, Fable 17




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