Les deux Moineaux femelles Simon Pagès (17ème siècle)

Commère, vous voila? je veux vous faire rire,
En vous contant un de nos traits;
Prenez bien garde de le dire,
Mon mari gronderait, et moi je vous battrais.
Vous peinez, ma petite belle,
Pour vous construire un nid: je ris de votre zèle.
Nous agissons d’autre façon.
Voyez la haut cette hirondelle,
Imitant Part d'un habile maçon ;
Elle se plait a bâtir sa maison :
Oui, mais c’est pour moi, non pour elle :
J’y passe la belle saison:
Voici comment; maisonnette finie,
Je cherche le moment, j’épie,
Et quand notre ouvrière sort,
Je m’en empare. La nous ne craignons personne ;
Nous y logeons tout comme dans un fort ;
A coups de bec nous chassons la maçonne ;
Et battue et honnie , elle nous l’abandonne.
Vous pouvez avoir même sort:
Faites comme nous, ma mignonne. |
Notre mignonne ne dit mot.
Vers son époux elle vole aussitôt ,
Dévoile tout, dit ce qu’il faut qu’il fasse ,
Et le couple fripon vole envahir la place.
Vient le second ménage; il faudrait assiéger;
On ne veut pas en courir le danger;
On va chercher ailleurs, en faisant volte—face.
Ils disaient en fuyant: Soyons, soyons discrets.

Soi-même on se trahit, révélant ses secrets.

Livre I, Fable 16




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