L'Oiseleur, le Verdier et sa femelle Simon Pagès (17ème siècle)

Partis d'un bocage lointain,
Un beau verdier et sa femelle
Voyageaient depuis le matin.
Ils fuyaient de l'hiver la froidure cruelle.
Dans un charmant vallon, un perfide ciseleur
Avait dressé ses rets. Un verdier, doux chanteur,
Depuis longtemps en esclavage,
Appelait les passants, de sa petite cage :
Venez, aimables voyageurs,
Venez sur cette herbette tendre,
Prendre un repas que font les oiseaux grands seigneurs.
Ceux qui voulaient l’entendre,
Trouvaient la mort par ses discours menteurs.
Attiré par sa voix traitresse,
Voila l’aimable couple pris ;
En cage notre mile est mis;
Et peu touché de sa tristesse,
En lui faisant subir son sort,
L’oiseleur met notre femelle à mort.
Que de soupirs! Oh! quelle barbarie!
O scélérat! fais—moi mourir!
Mon épouse, ma tendre amie,
Ne vient-elle pas de périr ?
Plongé dans la mélancolie,
L’oiseau mangeait très peu, débitant tous les jours
A l'oiseleur force discours.
Mais loin d’avoir l'âme attendrie,
Le barbare riait. Ah!' se peut-il qu’on rie !...
Puisqu’an ne veut pas m’écouter,
Ayons recours 2 la philosophie.
Alors il se mit à chanter.

Livre I, Fable 19




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