Apprenons au jeune âge à calmer le transport
D’une aveugle colère.
S'il arrive un malheur, n’accusons pas le sort,
Mais souvent notre caractère,
Un jeune élève avait un petit chien;
Il l'appelait Moustache ; il l'aimait, Dieu sait comme !
Moustache, à son tour, l’aimait bien :
On sait qu’en amitié les chiens instruisent l'homme.
Imitant son régent, notre petit garçon,
Soir et matin, d’exercice et de danse,
Avec un soin d’ami, lui donnait la leçon:
Allons, monsieur, debout ; garde à vous, je vous tance.
L’écolier chien était fait à ce ton ;
Il allait, revenait, puis dansait l'olivette,
Puis lui rapportait le bâton,
Portait, comme un guerrier, le chapeau sur la tète.
Viens par-ci, viens par-là; viens, mon petit ami ;
Baise, baise; il baisait, et notre maître aussi ;
Joyeux, il lui donnait un vous êtes bien sage.
O Dieux ! ces plaisirs innocents,
Chez nous, devraient durer longtemps;
Mais il est des malheurs, des peines à tout âge.
Moustache, un jour, repris sévèrement,
Oubliant l’amitié qu'il avait pour son maitre,
En étourdi, le blesse de sa dent ;
Le sang paraît : Ah! sanguinaire, traitre !
Une pierre, à l’instant, lui tombe sous la main :
Que va-t-il faire, hélas! par un coup inhumain ?
O repentir ! ô colère cruelle !
Le jeune élève, sans pitié,
Au bon ami fait jaillir la cervelle.
L’œil du chien, en mourant, lui peint son amitié,
L’enfant revient à lui, rappelle sa tendresse;
Contre son cœur aussitôt il le presse,
Et dans les pleurs il est noyé.
Ah! pour une faute légère,
Ne versez point le sang de votre ami.
Humains, que cet exemple-ci
Réprime votre caractère.