Certain espiègle, un de ces bons apôtres
Qu’on laisse tard en pension,
Resta pour sa malice et par punition
Sur un banc, tandis que les autres
Étaient dans le jardin en récréation ;
Mais le marmot en faction
Trouvant enfin ce rôle ridicule,
Pour sortir de l’inaction
Sur la table prend la férule :
Cachons, dit-il, ce vilain instrument.
Où ? dans ma poche ? non, vraiment ;
On peut me fouiller… Ah ! je tremble !
Monsieur l’abbé n’a qu’à venir.
Remettons-la… Cependant il me semble
Que j’ai le temps… Oui, par plaisir,
Et pour nous venger tout ensemble,
Ôtons toujours ce moyen de punir…
Soudain dans un coin noir la férule est mussée :
— Mon pauvre enfant, dit-elle, écoute bien ces mots.
Le mal que je t’ai fait, et dont je suis fâchée,
T’épargna de bien plus grands maux,
Et tu voudras tantôt ne m’avair point cachée.
On va voir qu’elle avait raison.
La cloche sonne, on rentre en classe :
Un tel ? dites votre leçon…
Fort bien ! à l’autre… à merveille !… L’on passe
Ensuite à notre polisson.
— Allons, monsieur la bonté même,
À votre tour… Il n’en sait pas un mot.
— Avez-vous refait votre thème ?
— Monsieur… — Non… — Mais… — Taisez-vous, petit sot
Pour vous apprendre… où la férule est-elle ? »
On cherche en vain ; à son défaut
Verges de Dieu dansèrent comme il faut.
Ceci de maints auteurs est le tableau fidèle.
Rebelles aux conseils d’amis sages, prudents.
Et dérobant ce qu’ils viennent d’écrire
À la férule du bon sens.
Leur sort est de passer, malgré leurs arguments,
Par les verges de la satire.