Les Écoliers et les Grenouilles Franz Hermann Lafermière (1737 - 1796)

Un beau jour de vacance, une bande peu sage
D’Ecoliers attroupés au bord d’un marécage,
Pour charmer son loisir, affligeait à grands coups
De cailloux,
Dans ses grottes limoneuses,
La gente qui s’y lamentait.
Il fallait voir le plaisir que c’était,
Lorsque lancé par des mains vigoureuses,
Quelqu’un de ces cailloux portait
Tout a plomb sur ces malheureuses,
Roides mortes les étendait,
Ou par douzaine les rendait
Manchottes et boiteuses :
Comme alors le rire éclatait,
Et comme des mains on battait
Pendant tout ce vacarme à la troupe joyeuse
Une d'entr’elles débitait
Cette morale un peu farouche,
Qu’heureusement personne n’écoutait :
Vous ne pensez qu’à folâtrer, à rire,
C’est fort bien fait. Mais songez-vous,
Enfants ! dans ce cruel délire,
Que vos jeux font la mort pour nous ?