Deux écoliers jouaient : survint une querelle.
Vai gagné ! - Non, c’est moi. - C’est moi, dis-je. - Tu mens.
Aussit6t coups de poing de pleuvoir comme grêle,
Pour appuyer ces arguments.
La fatigue apaisant l'orage,
Chacun s’en va, le vaincu, le vainqueur,
Avec la rage au fond du cœur
Et la meurtrissure au visage.
« Que vois-je ? Est-ce bien toi, mon fils?
Dit à l'un des enfants son père
Qui le vit rentrer au logis.
Pourquoi cet œil poché, cet air sombre et colère ! --
Mon papa, c’est... c’est Adrien...
Ah! si vous saviez quel vaurien!...
Je veux étre fouetté, s'il me prend fantaisie
De lui dire un mot de ma vie. »
On le laissa jaser. Son pére,homme prudent,
Savait d’un écolier ce que vaut la parole.
Ensemble ilvit, le jour suivant,
Les deux bambins prés de l’école
Jouer, disputer comme avant.
C'est bien votre image fidèle,
Princes, bourgeois, époux, amans.
Querelles, racommodements,
Voila l'histoire universelle.

Livre I, fable 6




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