Un oiseleur à tout ramage
Attirait dans ses lacs les doux chantres des airs.
Oiseaux de tout habit, bruns, gris, noirs, jaunes, verts,
Entraient chaque jour dans sa cage.
Comment n’être pas pris ? Le traître à son usage
Avait tous les accents divers.
De tous et de chacun il prenait la manière,
Le tour, le son de voix. Chantait-il ? le plus fin
S’imaginait ouïr son ami, son cousin,
Croyait s’ouïr lui-même enfin,
Et se trouvait dans la volière.
Je ne suis pas si sot ; il ne m’aura pas, moi,
Disait un rossignol. — Je ne t’aurai pas, toi ?
De par Dieu, je t’aurai ; j’ai tout ce que j’appelle.
Oiseleur de chanter,
Rossignol d’écouter :
Oh ! ne l’écoute pas, ma pauvre Philomèle ;
Fuis, fuis vite, le piège est là.
Aux accents du pervers Philomèle s’agite ;
Déjà la voix l’enchante, elle se précipite ;
Sautant d’aise et ravie, aux rets droit elle va ;
Elle en est près, très près, et point ne se ravise ;
Tout en sautant, la voilà,
La voilà, la voilà prise.
Captive elle gémit : heureux de sa douleur,
Et l’œil étincelant d’une cruelle joie,
Le traître en la raillant met la main sur sa proie.
Mon oiseleur,
C’est le flatteur.