Le Matou et le Rat Gottlieb Konrad Pfeffel (1736 - 1809)

Sur les bords de l'Indou le peuple à la croyance,
(Les brames l'implantent avec persévérance)
Que la métempsycose en finissant les maux,
Promet nouvelle vie et des plaisirs nouveaux.
Les bêtes du pays (c’est assez pardonnable)
Désirent profiter du mouvement viable,
Et partageant l'erreur de messieurs les Indous,
De l'immortalité des mortels sont jaloux.
Chassé par un Matou, un rat dans une armoire,
Se sauva le plus vite et chanta sa victoire ;
Pour briser les verrous le chat perdit son temps,
Et pour ronger le bois il ébrécha ses dents.
« Comment, petit lutin, me laisser à la porte? »
Lui cria le fripon, « agissant de la sorte,
Tu me ferais passer pour un orang-outang ;
Tout prêt à dévorer et ma chair et mon sang.
Car naguère étant rat, ton père était mon frère ;
Ton oncle est prés de toi, tu le vois donc ma chère,
It vient pour t'embrasser, te presser sur son coeur,
Et tâcher, s'il se peut, augmenter ton bonheur. »
« Rencontrer un parent ne saurait que me plaire, »
Répliqua le rongeur à l'effronté corsaire ;
« Pour les embrassements et nous serrer la main,
Remettons ce plaisir à plus tard cher cousin ;

Pour le moment heureux où notre âme céleste,
Voudra enfin quitter des Rats la peau modeste ;
Et du peuple rongeur abandonner le trou,
Pour entrer rayonnant dans le corps d'un Matou. »





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