Le Rat palmiste Fables Sénégalaises

Dans un congrès diplomatique,
Congrès où des princes, des rois,
Des princes et des rois d'Afrique,
Réunis par mes soins, y discutaient sur leurs droits,
Sur la guerre ou la paix publique
L'apologue, comme autrefois y
Assaisonnait la politique.
Diplomates français plus savants, plus adroits,
Ne vous moquez pas trop de cet usage antique.
C'est à peu près votre pratique,
La fable est un mensonge; on ment aussi chez vous
Devenez des menteurs aimables;
Pour Dieu messieurs amusez-nous,
Et du moins faites-nous des fables.

Le roi Mam-dou-Kouri nous le contait un jour
En affaire, ainsi qu'en amour,
Des plus brillantes apparences
Sachons nous défier. Les présens, les trésors,
Et les plus riches espérances
Ne sont rien quand nous sommes morts.
Un Rat palmiste à queue épaisse
A fourrure argentée, à l'air brusque~ à Fccil vif~
D'un pied leste d'un pied craintif,
Trottait, grimpait, sautait sans cesse.
Gueux comme un rat, dans sa jeunesse
Il bravait du chasseur les piéges et les coups.
Mais, ce changement n'est pas rare
Avec l'âge il devint ambitieux avare.
Lors le chasseur lui dit « Compère~ arrangeons-nous:
Rat, prête-moi ta peau; je devrai te la rendre
Toute pleine d'argent et d'or. »
Le Rat, par l'appât d'un trésor,
Dut-il se laisser prendre ?

Fable 19




Commentaires