Le Philosophe et le Hibou Gottlieb Konrad Pfeffel (1736 - 1809)

Un Philosophe ayant assez mauvaise tête,
Pour oser proclamer maint discours sot et bête ;
Fut, pour se garantir d'un aussi grand péril,
Sans forme de procès envoyé dans l'exil.
Il partit sans le sou pour se mettre en voyage,
Car on ne lui laissa que l'esprit en partage,
La justice agissant avec précaution,
Détruisit ses papiers y compris sa maison.
Un jour que le proscrit épuisé de fatigue,
Aux bords de la forêt se rappelait la ligue,
Qui daigna le bannir par haine et jalousie,
Il vit nombre d’oiseaux criant avec furie;
Poursuivant un Hibou, lui picotant la tête,
Disant de s’arrêter pour subir une enquête ;
Et pour le préparer au futur châtiment,
S’amuser d’arracher ta queue au méoréant.
« Pardon! messieurs, pardon, » cria le pauvre diable,
« Ecoutez donc un peu; je ne suis point coupable,
Je veux vous dénoter avec ta preuve en main,
Qu’un Hibou fut toujours un très-bon citoyen.
Pour ce qui est du droit, permettez que j'explique... »
« Que vas-tu nous conter infernal hérétique. »
Alors le sage accourt ; « car la philosophie,
Remplit un cœur bien ne toujours de sympathie;
Pour chasser les brigands aussitôt il s'empresse,
A l'oiseau de Pallas doucement il s'adresse :
« Mais pourquoi donc t'en veut la bande qui s'enfuit ? »
« Elle en veut à mes jours... je vois quand il fait nuit. »





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