Le Loup et le Lion Jean Héré (1796 - 1865)

Pour brouter l'herbe tendre un imprudent agneau
S'était écarté du troupeau ;
Un loup, qui le guettait, le saisit à la gorge,
L'emporte au milieu du taillis
Et malgré sa plainte l'égorge.
Il allait le manger ; attiré par ses cris,
Un lion survient : -téméraire !
Qui te rend si hardi d'enfreindre mes arrêts ?
Dit-il, hérissé de colère.
Ne sais- tu que dans ces forêts
J'ai défendu tout meurtre et toute violence ?
Et tu déchires l'innocence !..
Laisse-là cet oigneau ; sinon, crains ma vengeance. -
Le loup soudain le laisse, et d'un air repentant
S'éloigne. Le lion s'en empare à l'instant,
Le mange bel et bien ; mais c'est par convenance,
C'est pour ne pas laisser de traces du délit.

Tout en faisant les bons apôtres,
Combien de la faute des autres
Aiment à faire leur profit !

Livre II, Fable 4




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