La Cochet et la Pie Jean-Jacques Boisard (1744 - 1833)

Un Cochet aperçut au faite d'un clocher
Un Coq rayonnant de lumière.
Apres de vains efforts pour aller se percher
A ses côtés : Comment celui-ci put-il faire
Pour franchir, disait-il, cette immense carrière,
Tandis qu'à mon fumier je ne puis n'arracher ?
Oh ! comment il a fait, dit une vieille Pie,
Qui dans la basse-cour allait chercher sa vie ?
J'étais fort jeune encore, il m'en souvient vraiment ;
Une main le plaça dans ce poste éminent.
Cet être si trompeur à qui l'on porte envie,
Et que l'on croit un Coq par lui-même éclatant,
Je l'ai vu de fort près, n'est qu'une girouette,
Qui peut-être au premier moment
Fera la culebute après la pirouette.
Ce qui brille de loin nous impose souvent ;
Modérez, croyez-moi, l'ardeur qui vous enflamme :
Pour occuper ce poste, il faut un corps sans âme,
Beaucoup de faux-brillant et tourner à tout vent.

Livre III, fable 4




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