Un Jouvenceau de son père
Hérita des monceaux d’or.
Jeunesse est peu ménagère ;
Il dissipa son trésor.
L’indigence, affreuse et nue,
Le chassa de son logis.
Le voilà seul dans la rue,
Sans espoir et sans amis.
C'est l'hiver ; sous un portique
Il rêve à son doux foyer.
Au monde avec sa tunique
Il n’a qu'un manteau grossier.
L’Hirondelle printanière
Enfin parut; il sourit.
Flore, c’est ta messagère :
Ma tunique me suffit.
Chez un marchand le jeune homme
Porta le manteau soudain.
Le voilà riche, et la somme
Dura jusqu’au lendemain.
Mais, le lendemain, Borée
Revient des âpres climats,
Et, balayant la contrée,
Sème au printemps les frimas.
Un soir bravant leur menace,
Le Jouvenceau grelottait,
Et sous ses pieds nus la glace
A son passage éclatait :
Il voit gisant sur la pierre
Un oiseau de froid perclus.
Des beaux jours avant-courrière,
Hélas ! c’est toi ; tu n’es plus.
« J'entends, dit-il, la nouvelle
Qu’elle annonce au malheureux.
C’en est fait, pauvre hirondelle,
Tu nous as perdus tous deux. »