L'Homme guéri par son ennemi L-S du Ruisseau (16?? - 17?)

Un Homme d'un mal tourmenté,
Que les Disciples d'Hippocrate,
Après avoir cent fois là-dessus consulté,
Jugeaient tous être un mal de rate ;
Et qui pour l'en guérir employèrent en vain
Leurs efforts et leur savoir faire,
Enfin ce qu'ils savaient de Grec et de Latin
Sans le pouvoir tirer d'affaire,
Bien qu'ils l'eussent toujours flatté,
De lui redonner la santé.
Cet homme, dis- je, un jour en allant par Ville,
D'un de ses Ennemis fut percé d'un poignard,
A cent pas de son domicile ,
Avant qu'il pût sur lui jeter un seul regard.
Nôtre homme de ce coup, tombe fur la poussière,
Le fang fort aussitôt, ensuite la matière
D'un abcès dans son corps formé,
Que l'homme le plus consommé
Dedans l'art de la chirurgie,
N'eût pu découvrir de sa vie.
Il est dans cet état à fon Logis porté,
On visite, on fonde la plaie,
De le consoler on essaie.
De là, lui disait-on, viendra votre santé ,
Ce coup vous sera salutaire.
Ce que vous promettait en vain la Faculté
Vous l'aurez de vôtre adversaire.
En effet, il guérit et fut, selon ses vœux
Délivré pour toujours de ce mal douloureux.

Par une lâche complaisance
Nos défauts font soufferts de nos meilleurs amis,
Pour nous en corriger, c'est de nos Ennemis
Qu'il en faut espérer l'entière connaissance.

Livre II, fable 9




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