Le Jardinier et le Gentilhomme Jean-François Guichard (1731 - 1811)

A. certain roi de France un jardinier porta
Une rave prodigieuse
Pour la grosseur. Cette offre était peu précieuse ;
Avec bonté pourtant le prince l'accepta
Et le manant parla de sorte
Que même il en obtint récompense assez forte.
Instruit de l'aventure, à quelques jours de là
Un gentilhomme au roi vient dire :
De mes chevaux, sans contredit, voilà
Le plus beau, le plus fin ; je suis trop heureux, sire,
D'en pouvoir faire hommage à votre majesté.
Sa phrase fut plus longue (aisément on devine
De gens de cour et la phrase et la mine.)
Le fin coursier est accepté,
Puis le roi , prenant un air grave,
Et du villageois se faisant Apporter le présent,
Tenez, dit-il, recevez cette rave.
Je crois votre cheval l'élite des chevaux,
Mais ma rave... voyez, elle est une merveille.

Ah ! qu'il serait bien à propos
Que tout faux généreux eût ainsi sur l'oreille !

Livre I, fable 24




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