Un Chevrier dans la froide saison
Ouvrit sa porte à des Chévres sauvages.
On ne trouvait plus d'herbe aux paturages :
Le mieux était d'accepter sa maison.
Pour les fixer dans ses foyers rustiques,
Durant l'hiver il les traita si bien,
Tant festoya ces hôtes faméliques,
Pleurant la vie aux chèvres domestiques,
Qu'elles séchaient, qu'elles venaient à rien.
Bref, sans daigner jeter les yeux sur elles,
Prés de leur crêche il passait à la fin,
Tout occupé de ses chévres nouvelles ;
Si bien qu'un jour il trouva mort de faim
Son vieux troupeau, ses nourrices fidèles.
Bientôt revint le temps que tout berger
Ouvre sa porte, et se met en campagne.
Le nôtre aussi crut pouvair déloger ;
Mais le troupeau connaissait la montagne :
Tout disparut, tout s'enfuit sans retour.
Aux vieux amis préférez ceux d'un jour !
Voila, messieurs, voilà ce qu'on y gagne.