L'Enfant et le Laboureur Joseph Barthélemy de Feraudy (1762 - 1831)

Un enfant dans un pré voyant de belles fleurs,
D'en former un bouquet eut la plus grande envie :
N'allez pas, mon ami, vous préparer des pleurs,
Lui dit un laboureur, voisin de la prairie ;
Dessous ces verts gazons sont cachés à vos yeux
De petits animaux, reptiles dangereux ;
Retournez sur vos pas ; leur morsure cruelle
Porterait à vos jours une atteinte mortelle.
Notre étourdi d'abord recule de frayeur ;
Mais bientôt, n'écoutant que sa première ardeur,
Va porter sur les fleurs une main téméraire.
Malheureux ! sous ses doigts il presse une vipère !
La méchante le mord, lui lance son venin ;
L'enfant crie et gémit, mais, hélas ! c'est en vain.

On t'a vu bien souvent, imprudente jeunesse,
Préférer aux avis dictés par la sagesse,
Les appâts séduisans qu'offre la volupté,
Et gémir, mais trop tard, de ta légèreté !

Livre I, fable 21




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