La Plume et le Pin Léon-Pamphile Le May (1837 - 1918)

Une plume légère, —
Non pas la plume mensongère
Du journaliste besacier
Ou du poète romancier,
Mais la plume d’une hirondelle,
 D’un étourneau
 Ou d’un moineau,
 Je ne sais trop laquelle, —

Une plume, toujours, par le souffle du vent
 S’envolait emportée,
 Comme cela se voit souvent.
 Passant à la portée
 D’un pin majestueux,
 Elle lui fit, d’un air présomptueux,
 Cette ridicule menace :

— Pin, courbe-toi, sinon je t’écrase sur place !
 Ne me demande pas pourquoi,
 Mais regarde derrière moi.

 — Je vois en effet sur la plaine,
Dit le pin dédaigneux, des arbres entassés,
Mais, va ! ce n’est point toi, c’est le vent qui t’entraîne
 Qui les a terrassés.

Plus d’un homme léger qu’un sot orgueil consume
Croit tout régenter de son fouet,
 Et, comme cette plume,
N’est lui-même qu’un jouet.

Livre II, fable 7




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