« - Mon père, daigne m‘apprendre,
Dit un jeune chien danois,
Comment Mops a pu s'y prendre
Pour captiver à la fois
Maitre, enfants, valets, maitresse ?
Chacun l’aime et le caresse,
Pour lui sont les meilleurs os,
Et pourtant, tu le sais, Mops n'est point un héros:
Il ne pourrait, comme Cerbère,
Gardien vigilant de la cour, -
L’œil ouvert la nuit et le jour,
Ecarter par ses cris le voleur téméraire ;.
Il n'irait pas, comme Médor,
La queue en mouvement, le nez rasant la terre,
Eventer le coq de bruyère.
Ou trahir la perdrix qui va prendre l'essor ;
Saurait-il, comme toi, suivre un cerf à la trace ?
Oserait-il, comme Monfflard;
Au fond de son terrier combattre le renard,
Ou, comme Fox, donner la chasse
Au loup qui vient rôder a l'entour du troupeau
Non, non, Mops craint trop pour sa peau.
Pourtant, et ce point m'embarrasse,
Plus que tout autre il est chéri,
De toute la maison c’est le chien favori.
- Explique-moi cela, de grace,
- De la faveur de Mops je ne suis pas surpris,
Répond le vieux danois, observateur sagace,
De son adresse elle est le prix.
Son secret n"est pas difficile,
Et, comme il te peut étre utile,
Je vais te l'apprendre en deux mots :
- Mops n’a jamais mordu personne,
Il donne la patte à propos. »

Pour qui veut parvenir cette méthode est bonne.

Livre I, Fable 12, 1856




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