Que toujours le plus grand mérite,
Ait pourtant peu d'admirateurs ;
Qu'on préfère aux hommes d'élite,
Des misérables flagorneurs.
Comment conjurer cette peste,
Qui devrait peupler les enfers ?
Je doute que ce mal funeste,
Ne s'empare de l'univers.
Voici le frein pour cette rage,
Un remède pour cet abus;
Le fou devrait devenir sage,
Mais non, il ne le devient plus.
Ignorant du beau la faconde,
Il prône toujours le petit ;
Pour savoir la valeur du monde,
Son ail conclut, pas son esprit.
Deux Chiens servaient une maitresse,
Joli, — des deux s'appelait l'un ;
Il connaissait des tours d’adresse,
Et savait amuser chacun.
Il rapportait les moindres choses,
Faisait souvent beaucoup de bruit ;
Sans clefs ouvrait les portes closes,
Et dormait en repos la nuit.
Parfois il mordait sa maitresse,
Aussi méchant était son cour ;
Et l'on disait c'est la caresse,
Produit par son instinct flatteur.
Mal élevé et sans courage,
Il était vraiment impoli ;
Malgré ses cris et son tapage,
On l’appelait le bon Joli.
L'autre chien du nom de Fidèle,
Moins caressant et moins poltron;
Était toujours rempli de zèle,
Et savait garder la maison.
Il était bon et plein d'audace,
N'aboyant sans nécessité ;
Il était le roi de sa race,
Il meurt. Vite il est oublié.
Joli meurt aussi, quelle alarme,
On lui prépare un beau cercueil ;
Pour le bon cœur par une larme,
Pour la ruse on porte le deuil.