Un poulain ignorant la charge,
Qu'imprime un joli cavalier ;
Des coursiers admirait la marche,
Croyant la bride un beau collier.
Il court après chaque monture,
Sur laquelle un homme paraît,
Et du cheval rêve l'allure,
Dans son accoutrement parfait.
Souvent le bonheur qu'il souhaite
De l'ambitieux n'est connu;
Le harnais dont il se fit fête,
Enfla il l’a donc obtenu.
On le promène, on le caresse,
Pour le rendre docile au mors;
Il marche, il saute avec souplesse,
De plaisir tressaille son corps.
Avec une charmante allure,
Il revient dans son écurie ;
- Dire aux chevaux: « Je vous assure,
Me voilà content pour la vie. »
A son voisin il persuade,
Que chacun lui fit compliment,
Sur sa bride à la dragonnade,
Et son harnais si bien luisant.
Le lendemain, ah! quelle alarme,
Il revient rempli de sueur;
Disant: « Mais où donc est le charme,
Que me promettait le bonheur ?
La bride orne bien ma personne,
Mais son usage est au profit,
Du cavalier qui m’éperonne,
Et comme un diable me conduit. »