Du roi des animaux pour célébrer la fête,
Les chiens voulant un jour chasser à la grand’béte,
Et déjà de la chasse ayant fait les apprêts,
A se mettre en quête étaient prêts ;
Lorsqu’à la Meute rassemblée
Se présente un vieux Epagneul,
Dont l'échine à moitié pelée
Annonçait du service. On lui fait mince accueil.
Que viens-tu faire ici, lui dit un maitre Dogue,
D’une voix rude, d’un air rogue
A mettre en fuite tous les loups ?
Pourrais-tu forcer comme nous
Les habitants des bois, les passer de vitesse ?
Va-t-en ailleurs exercer ton adresse
Sur le petit gibier et lui porter tes coups :
Tu ne ferais ici que montrer ta faiblesse.
Le Roquet éconduit baisse l'oreille, part
Et va faire sa chasse à part.
Mais que fait la Meute étourdie ?
Sans cor, sans guide ni piqueur,
Chacun veut étre conducteur,
Ec chasser à sa fantaisie.
L'un veut pousser le sanglier,
L'autre lancer le cerf. Enfin on se débande,
Et la confusion entr’eux devient si grande,
Qu’on ne saurait se rallier.
On eet forcé de quitter la partie :
Adieu la chasse et le gibier.
L’Epagneul cependant, seul de sa compagnie,
Chasse, et vous fait sauter la caille, le perdreau :
Et le lapin et le lapreau,
Tant que sa gibecière en fut si bien garnie,
Qu'il fit au Lion grand cadeau.
Cette Fable fait voir que tel que l'on méprise,
Qu'on n’a pas daigné méme admettre aux derniers rangs,
A la téte d'une entreprise
Se serait distingué par des succés brillants,
Si l'on avait su mettre en oeuvte ses talents.
L'auteur pense certainement à lui dans cette fable.