Le Sanglier et le Renard Louis Auguste Bourguin (1800 - 1880)

A peine à l'orient l'aurore aux doigts de rose,
De ses premiers rayons, reflétés mille fois,
Faisait étinceler, à la rive des bois,
Les perles que la nuit sur les feuilles déposé;
Déjà debout, un sanglier
Contre un chêne noueux aiguisait ses défenses,
« Voisin, dit un renard, sortant de «on terrier,
As-tu reçu quelques offenses
Qu'aujourd'hui tu veuilles venger,
Où crains-tu ce matin quelque pressant danger ?
Mais au loin la forêt est encore endormie :
Je n'entends ni des cors le tapage infernal,
Ni les longs aboiements de la meute ennemie ;
L'oiseau prélude en paix à son chant matinal ;
Tout semble nous promettre un jour exempt d'alarmes,
Dis-moi donc dans quel but tu prépares tes armes ?
— Dans quel but! Est-il temps de les mettre en état
Quand la meute est près de m'atteindre ?
Non, non ; c'est quand rien n'est à craindre
Que je me dispose au combat ;
Jamais au dépourvu je ne me laisse prendre :
Viennent messieurs les chiens, je saurai me défendre. »

Livre VI, Fable 16, 1856




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