Une fauvette jeune et belle,
Ma commère la pie, une vieille hirondelle,
Sautillant ou volant, arrivèrent un jour
Chez la prudente tourterelle,
Pour consulter ce cas, intéressant l’amour.
Linotte du bocage avait la plus brillante cour ;
Les oiseaux du pays, les oiseaux d’alentour,
Tous étaient attirés par son charmant ramage,
Tous les cœurs étaient pris par son tendre langage.
Le trio voyageur, en renforçant la voix,
Criait… et disait à la fois :
C’est un scandale affreux dans tout le voisinage !
On peut avoir à peine un mâle en son ménage.
Nous voulons la citer aux juges de nos bois :
Qu’en dites-vous ? Il faut la retenir en cage,
Ou la chasser de notre ombrage.
Le ciel me garde de penser
Que vous deviez la dénoncer,
Reprit la tourterelle ; ah ! perdez cette envie.
Fi ! dénoncer !… ce mot seul me fait peur.
D’ailleurs, on ne voudrait jamais croire la pie :
Le grand babil trop souvent est menteur.
Et toi, décrépite hirondelle,
Tu ne fus pas assez sage en ton temps,
Pour parler contre les amans ;
Et ton scrupule ne décèle
Que le regret de tes beaux ans.
Quant à toi, ma chère fauvette,
Sur le compte d’autrui, crois-moi, deviens discrète :
Tu n’es encor qu’à ton premier printemps,
Ton humeur est vive et légère,
Ton sexe est coquet et charmant.
La linotte est coupable en cherchant trop à plaire :
Ne peut-il pas t’en arriver autant ?
Je conclus qu’à propos il faut toujours se taire.





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