La jeune Femme et la Bonne d'enfant Pierre Chevallier (1794 - 1892)

Vous qui vous emportez, tempêtez tout d'abord,
Sans entendre les gens soudain leur donnez tort,
Modérez un instant votre humeur irritable,
Et veuillez, je vous prie, écouter cette Fable.

Un soir d'été, dans le jardin,
Au moment où déjà commençant sa carrière
L'astre des nuits versait sa douteuse lumière,
Lisette promenait sur le bord d'un bassin
Le fils de la maison, qui n'avait pas encore
Atteint sa quatrième aurore.
Tout mécontent de voir sa bonne refuser
L'objet que convoitait sa curieuse envie,
Notre marmot se met à pleurer, à pousser
Des cris longs et perçants. — Sotte, de loin s'écrie
La dame du logis, prenez-vous donc plaisir
A fâcher cet enfant, à le faire souffrir ?
Donnez-lui ce qu'il vous demande.
— Mais, Madame, répond Lisette incontinent,
Il veut... — Taisez-vous, à l'instant
Faites ce que je vous commande,
Ou bien sortez d'ici. — Mais il veut... A ces mots
L'oeil en feu, furieuse, étouffant de colère,
Elle allait renvoyer la pauvre chambrière,
Lorsqu'attiré par ce bruit, ces sanglots,
Le mari se présente et s'enquiert.de l'affaire.
— Votre fils, dit Lisette, en cette eau vient de voir
La lune qu'il désire avoir.
Le croirez-vous, Monsieur, eh bien ! Madame ordonne
Que sur-le-champ je la lui donne.

Livre II, fable 13




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