L’Aigle, la Chenille et le Moineau

Pierre-François de Rémusat (1755 - 1803)


Sur la cime d’un chêne vert,
L’oiseau chéri de Jupiter
Recevait le flatteur hommage
Des légers habitants de l’air,
Et charmé de ce doux concert,
Applaudissait à leur ramage.
Une chenille l’aperçut,
Et dès le moment en conçut
Une orgueilleuse et sotte envie ;
Elle se hâte de monter
Sur la branche haute et choisie
Que l’aigle venait de quitter ;
Puis, s’étant mise en même place,
S’attendait à mêmes honneurs ;
Mais des succès aussi flatteurs
Ne payèrent pas son audace.
Tout se tût dans le même instant,
La chenille en parut surprise ;
Un moineau qui vit sa sottise,
Lui dit : « Ce silence t’apprend,
Vil insecte, que l’on méprise
Ceux qui s’élèvent en rampant. »

Poésies diverses




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