Dans une forêt sombre, aux sentiers tortueux,
Un voyageur marchait, triste et silencieux.
La nuit, comme un manteau répandant les ténèbres,
Promène dans les airs ses fantômes funèbres.
Il entend le hibou hurler sur les ormeaux,
Et l'aquilon mugira travers les rameaux ;
Il réveille, en passant, des reptiles sans nombre,
Et sur les rocs aigus se déchire dans l'ombre.
Dans ce noir labyrinthe il attend le trépas,
Lorsqu'au loin dans les bois scintille une lumière ;
Feu follet décevant, ou lampe hospitalière,
N'importe, vers ce phare il dirige ses pas.
Le nocturne flambeau ranimant son courage,
Il oublie à l'instant les tourments du voyage ;
Il marche, marche, arrive à l'objet de ses vœux ;
Mais un fossé béant les engloutit tous deux.
Le voyageur, c'est l'homme exilé sur la terre ;
La forêt, c'est la vie ; et le lointain flambeau,
C'est, pour le malheureux pleurant et solitaire,
L'espoir qui devant lui brille jusqu'au tombeau.