Estre cause deson mal.
Qui se mect en subjection
D’aultruy en luy faisant service :
Souvent pour ung tel benefice
Il reçoit sa destruction.
Jadis ung homme de villaige
Avoit une bonne coignée,
Et, pour la faire a son usaige
Et luy bailler une poignée,
En une Forest s’en alla,
Et aux arbres d’illec parla,
En leur demandant quelque branche
Pour faire a sa coignée ung manche,
Ce qui luy fut bien tost permis.
Mais, quand elle fut emmanchée,
La Forest par terre il a mis
Toute coupée et detranchée.
La Forest, sentant ceste attaincte
Et que ce mal souffroit par elle,
Feit piteusement sa complaincte
Contre malice sy cruelle.
A faire plaisir maintz s’apprestent,
Et de leur bien a aultruy prestent,
Dont ilz sont mal recompensez
Et en la fin tres offencez.
Il adyient maintesfoys aussi
Qu’ung homme sot ou ung testu
Baille a son ennemy ainsi
Le baston dont il est batu.
Titre original : De la Forest et du Rustique