Un soir, quand du soleil le flambeau se reflète
Sur les cités et les hameaux,
Homère sommeillait, et sa lyre muette
Pendait aux branches des ormeaux.
Tout à coup un son vague arrive à son oreille.
Ce murmure inconnu l'éveille ;
Il voit un papillon sur le luth arrêté,
Dont l'aile, en frémissant, cherche la liberté,
« Il a perdu, dit-il, la poussière divine
Qui soutenait son vol aux cieux ;
Mais il mourra sur la corde argentine,
Parmi des sons délicieux...
Voilà l'image de ma vie ;
En chantant j'ai brisé l'essor
Qui mène vers les biens une foule ravie,
Et l'indigence fut mon sort.
Eh bien ! j'expirerai dans le plus beau délire,
En célébrant les dieux, la gloire, la beauté,
Et peut-être la brise, en passant sur ma lyre,
Portera mes concerts à l'immortalité... »

Livre I, Fable 18




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