Sous un Ormeau grand et robuste
Était un jeune Ormeau, frôle et chétif arbuste.
L'arbre géant lui dit :
« J'ai su te protéger
Contre l'assaut des vents et d'orages sans nombre ;
Sous mes rameaux et sous mon ombre
Tu crois à l'abri du danger.
Je dois, par tant de soins et tant de bienfaisance,
Avoir acquis des droits à ta reconnaissance...
- Ah ! de votre feinte bonté
Osez-vous tirer vanité?
Dit en pleurant l'Ormeau débile ;
Vous fûtes un tuteur dévorant son pupille,
Et vous avez de mes rameaux naissants
Écarté du soleil les rayons caressants.
Vous avez absorbé ma sève ;
Vous m'avez étouffé sous vos traîtres abris,
Et chaque jour je dépéris,
Tandis que vers les deux votre tige s'élève :
Je crains plus vos bienfaits que les vents destructeurs. »
Méfions-nous, amis, de certains protecteurs