Un enfant, qui vivait sous l'aile de sa mère,
Était indocile, imprudent,
Et surtout fort indépendant;
Il croyait tout savair, le petit téméraire!
Sur un mont, près de là, vivait un solitaire.
Or, cet enfant s'échappe, un soir,
Et se dit : « Je veux aller voir
Ce que fait là-haut ce bon père. »
L'ermite descendait la côte, ce jour-là,
Et voyant le gamin qui redressait la tête,
Fier comme un général qui marche à la conquête :
« Holà, lui cria-l-il, holà !
Vous ne voyez donc pas que pour monter la côte
Il faut se courber en avant ?
Si vous tombez, mon cher enfant,
Ce sera bien par votre faute.
— Moi, m'abaisser, dit l'autre. Oh ! non je suis trop grand ! »
De son orgueil il fut victime :
Le petit malheureux roula dans un abîme.
Gardez-vous bien de l'imiter,
Vous que l'ambition anime,
Et baissez-vous un peu si vous voulez monter.