Un jardinier avait dans son jardin
Planté des choux de toute espèce.
Un lièvre très guerrier, a la place du thym,
Allait toutes les nuits, signalant sa prouesse,
Faire de ces beaux choux un abondant butin.
L’animal 4 moustache était, dit-on, peu fin,
Et les remords vengeurs le poursuivaient sans cesse,
Sachant qu'il ruinait le pauvre Mathurin :
Un vent, une ombre, un rien, dans sa piraterie,
Empoisonnait le plus exquis festin.
Quoique très riche, il menait triste vie.
« Mathurin, disait-il, fatigué da larcin,
Peut, pendant une nuit, me tendre quelque piège ;
Cesse, a tes vols mettant un frein,
De courir les dangers d'un siège. »
I] philosophait en broutant:
Soudain il croit entendre un murmure, une plainte.
Rions, c’était le seul bruit de sa dent.
Faire le mal, c’est vivre dans la crainte.

Livre I, Fable 13




Commentaires