Le Vase persan Victorin Fabre (1785 - 1831)

En Perse, m'a-t-on dit, sous les voûtes sacrées
Où repose le roi des rois,
Au coucher du monarque, un vase de son choix
Avait seul les grandes entrées.
Il le méritait bien : sur ses flancs azurés
Par les feux du saphir, la perle blanchissante,
La topaze aux rayons dorés,
Et l'hyacinthe rougissante,
Répandaient les couleurs de l'aurore naissante.
Sous ce riche costume, on l'aurait cru pareil
Au merveilleux joyau d'Iamchid ', et les poëtes
Le nommaient, dans leurs chants, la coupe du soleil.
Brillant ami du prince, à des faveurs secrètes
Dans la chambre royale, appelé chaque jour,
Il faisait des jaloux : les flacons de la cour,
Sur lui versaient la rose et l'ambre :
Et les cruches, de loin, saluaient tour à tour
Ce gentilhomme de la chambre.
Une d'elles, enfin, voulut savoir pourquoi.
< Quel service l'a mis si bien auprès du roi :
Voyons ce qu'au dedans ce favori peut être ;
Et, pour notre profit, sachons à quel emploi
Se gagne la faveur du maître. ».
Elle approche, s'incline, allonge le bec... « Fi !
Fi, l'horreur !... ce beau vase est l'égout du Sophi ! »

Fable 31




Commentaires